Conférence de Monseigneur Léonard à Pellevoisin : « Abba, dis-nous une parole ! »

Monseigneur André Léonard, archevêque émérite de Maline-Bruxelles, a honoré le sanctuaire de sa présence, le dimanche 21 novembre dernier, en faisant une halte sur la route. Avec la simplicité d’un sage grand-père, il a partagé son regard sur cette question qui nous habite tous : «Comment regarder les épreuves du monde actuel et de l’Eglise dans un regard de foi, à la lumière de l’Evangile ? »

Voici quelques notes tirées de ses réflexions :


Ce que nous avons de plus précieux, c’est la personne de Jésus. Lui qui a dit : « qui me voit, voit le Père. » ; « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » ; « ’le Père et moi, nous sommes uns »…

En contraste avec cela, la manière dont il a vécu et est mort semble paradoxale : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » … Le Bien-Aimé du Père ouvre un abîme insondable… Toute personne qui souffre peut dès lors être rejointe par Quelqu’un qui est allé encore plus bas. 

Il ne voulait pas être Messie à la manière dont pouvait en rêver les Zélotes, le parti de l’apôtre Simon. Jésus n’a pas voulu être un Messie politique, mais un Serviteur souffrant.

Pour le monde, le Messie ne peut être que glorieux, impensable que le Messie soit ainsi humilié : mort entre deux brigands ! D’ailleurs une glose pseudo-chrétienne, reprise dans le Coran, prétend que Jésus le Messie n’est pas mort sur une croix, qu’un autre y a été fixé à sa place.

Saint Paul affirme avec force :

  • II Co 5,14  « En effet, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. »
  • 15 « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. »
  • 16 « Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. »
  • 17 « Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. »
  • 18 « Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. »
  • 19 « Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. »
  • 20 « Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. »
  • 21 « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. »

Notre malheur est d’avoir remplacé le Christ par le christianisme. Chaque fois qu’il y a un «- isme », se trouve une abstraction. Le Christ est le Sauveur, il n’est pas une abstraction. On a tendance à remplacer le Christ par des « valeurs chrétiennes », qui sont certes précieuses, mais qui demeurent à la mesure de la raison humaine.

Notre défi, c’est de croire en Jésus, le Christ, tel que le Nouveau Testament en témoigne, et qu’il y ait des hommes et des femmes qui en vivent !  

L’Eglise est une, sainte, catholique et apostolique par ce qu’elle reçoit de Dieu. Elle est sainte parce que le Christ en est la Tête, que son modèle est la Vierge Marie et qu’elle féconde des saints.

Vladimir Soloviev affirmait que les divisions entre disciples du christ sont appelées à disparaître, que toutes les confessions chrétiennes se réuniront face à l’Antichrist.  

Puisque vous me demandez de dire ce que je pense vraiment : Il s’agit d’être ‘’témoin’’ (martus/marturos en grec) sans opportunisme, ni bavures, dans le célibat de la vie consacrée comme dans le mariage. La solution de la crise de la foi n’est pas dans la restructuration –j’en ai réalisé dans les diocèses qui m’ont été confiés, on en fait le minimum- c’est la sainteté qui sauve le monde !  

Le respect pour l’œuvre de la création : oui ! Mais attention, pas de vénération de Gaïa, la terre-mère, comme une idole. Saint Paul est très clair : la création toute entière gémit dans l’attente de la révélation des fils de Dieu, toute la création est marquée par notre péché.

Ma devise épiscopale : ‘’Amen, viens Seigneur Jésus !’’ Il reviendra dans la gloire ! C’est le sens du temps de l’Avent, en préparation à Noël : puisqu’Il est déjà venu dans la chair, Il reviendra dans la gloire.

 Le temps que nous avons sur la terre prépare notre éternité : on peut vivre les deux pieds sur terre tout en regardant notre fin. Au nom de la Parousie, nous ne pouvons pas délaisser le temps présent, bien au contraire l’instant présent est déjà par la charité un instant d’éternité.