La grotte de Montbel et la lettre d’Estelle

En cette fin d’été 1875, Estelle Faguette est au château de Poiriers, résidence du comte et de la comtesse de La Rochefoucault, chez qui elle est employée comme gouvernante d’enfants. La péritonite dont elle est atteinte s’est aggravée, et elle a également contracté la tuberculose.

Consciente de son état, qui ne laisse aucun espoir humain,  Estelle écrit en septembre une lettre à la Vierge Marie, et la fait déposer dans une grotte de Lourdes, que le comte et la comtesse ont fait construire dans le parc du château. Elle lui demande sa guérison, afin de pouvoir continuer à subvenir aux besoins de ses parents.

La maladie s’aggravant, elle reçoit l’Extrême-Onction. Par la grâce du sacrement, alors que jusqu’alors elle ne se résignait pas à mourir, elle rédige le 20 décembre une prière d’abandon à la volonté du Père pleine de confiance.

Comme Estelle, vous pouvez, vous aussi, déposer vos intentions de prière dans un panier à la grotte de Montbel, pour être confiées à l’intercession de la Vierge Marie et portées dans la prière des sœurs contemplatives de Saint-Jean et des pèlerins.

Vous pouvez aussi envoyer vos intentions de prière à intercession@pellevoisin.net  ou à l’aide du formulaire.

« Ô ma bonne Mère, me voici de nouveau prosternée à vos pieds. Vous ne pouvez pas refuser de m’entendre. Vous n’avez pas oublié que je suis votre fille et que je vous aime. Accordez-moi donc de votre divin Fils la santé de mon pauvre corps pour sa gloire.

Regardez donc la douleur de mes parents, vous savez bien qu’ils n’ont que moi pour ressources. Ne pourrai-je pas achever l’oeuvre que j’ai commencée? Si vous ne pouvez, à cause de mes péchés, m’obtenir une entière guérison, vous pourrez du moins m’obtenir un peu de force pour pouvoir gagner ma vie et celle de mes parents. Vous voyez, ma bonne Mère, ils sont à la veille de falloir mendier leur pain; je ne puis penser à cela sans être profondément affligée

Rappelez-vous donc les souffrances que vous avez endurées, la nuit de la naissance du Sauveur, lorsque vous fûtes obligée d’aller de porte en porte demander asile! Rappelez-vous aussi ce que vous avez souffert quand Jésus fut étendu sur la Croix. J’ai confiance en vous, ma bonne Mère; si vous voulez, votre Fils peut me guérir. Il sait que j’ai désiré vivement être du nombre de ses épouses, et que c’est en vue de lui être agréable que j’ai sacrifié mon existence pour ma famille qui a tant besoin de moi.

Daignez écouter mes supplications, ma bonne Mère, et les redire à votre divin Fils. Qu’il me rende la santé si tel est son bon plaisir, mais que sa volonté soit faite et non la mienne. Qu’ Il m’accorde au moins la résignation entière à ses desseins et que cela serve pour mon salut et celui de mes parents. Vous possédez mon coeur, Vierge Sainte, gardez-le toujours et qu’il soit le gage de mon amour et de ma reconnaissance pour vos maternelles bontés. Je vous promets, ma bonne Mère, si vous m’accordez les grâces que je vous demande, de faire tout ce qui dépendra de moi pour votre gloire et celle de votre divin Fils.

Prenez sous votre protection ma chère petite nièce, et mettez-la à l’abri des mauvais exemples. Faites, ô Vierge Sainte, que je vous imite dans votre obéissance et qu’un jour je possède avec vous Jésus dans l’éternité. »

Septembre 1875

« Mon Dieu, je ne sais ce que je dois vous demander ; vous connaissez mes besoins, vous savez ce qu’il me faut, vous m’aimez mieux que je ne le fais moi-même. Donnez-moi, ô mon Dieu, ce que je ne sais pas vous demander : je ne veux et n’ose vous demander ma guérison : je viens seulement à vous, je vous ouvre mon cœur.

Frappez-moi ou guérissez-moi.

J’adore et j’adorerai toujours votre volonté sans la connaître ; je me résigne, je me tais, je me sacrifie, je me donne et je m’abandonne : plus désormais d’autre désir que de faire en tout votre volonté sainte.

 Aidez-moi à souffrir avec patience ; que les plaintes qui pourraient s’échapper de mes lèvres soient une prière sortie de mon cœur et qu’elle monte vers vous.

Votre cher Fils Jésus, mon Sauveur, a souffert pour moi, il est bien juste que je m’oublie pour Lui. Il avait la force d’un Dieu et moi, je n’ai que la faiblesse d’une créature.

Apprenez-moi donc à prier, ou plutôt veuillez prier vous-même pour moi qui ne puis. »

20 décembre 1875